Le PIB de la zone €uro avait à peine progressé aux deuxième et troisième trimestres 2011. Il a franchement baissé en fin d’année (-0,3%). Ce mouvement recouvre un recul de l’ensemble des composantes de la demande intérieure, révélateur de l’attentisme généralisé qui s’est développé au fur et à mesure de l’aggravation de la crise des finances publiques européennes. La consommation privée a diminué de -0,4% et l’investissement total de -0,7%. Les exportations se sont contractées de -0,4%, mais le recul plus vif des achats à l’étranger a entraîné une contribution positive des échanges extérieurs.
Plus que jamais, la divergence des évolutions nationales est spectaculaire. Pour éviter de devoir commenter les aléas, il convient de comparer les glissements observés entre la fin 2011 et la fin 2012. Les meilleures performances sont à l’actif de l’Estonie (+4%) et de la Slovaquie (+3,4%), qui devancent l’Allemagne (+2%), l’Autriche (+1,5%), la Finlande (+1,4%) et la France (+1,3%). À l’inverse, la chute de l’activité a atteint -7% en Grèce et -2,7% au Portugal.
Source : Eurostat
Les enquêtes suggèrent que le point bas de la conjoncture européenne a été touché en fin d’année 2011. Ainsi l’indice du climat économique, calculé par la Commission européenne, a touché un point bas de 92,8 en décembre (sachant que 100 est la moyenne de longue période), avant de remonter à 94,5 en février-mars. La baisse de l’activité se poursuivra donc au premier trimestre 2012, une stabilisation pouvant être espérée au printemps. La modeste reprise qui suivra ne permettrait pas d’échapper à un recul de l’ordre de -0,2%/0,3% du PIB en moyenne annuelle 2012. L’emploi faiblirait dans les mêmes proportions, de sorte que le taux de chômage, monté à 10,8% de la population active en février, culminerait vers 11% en fin d’exercice.
L’action de la Banque centrale européenne a été déterminante pour mettre fin à la spirale de la défiance qui se développait pendant les derniers mois de 2011, et donc à l’intensité de la récession. Sous l’autorité de son nouveau président, la Banque centrale a réduit deux fois son taux directeur d’un quart de point, le ramenant à 0,5%. Mais surtout, en décembre 2011 puis en février dernier, la BCE a accordé des prêts exceptionnels aux banques sur une durée de trois ans, la première fois à hauteur de 489 milliards d’euros, la seconde de 530 milliards.
En dépit d’un recul de -0,2% du PIB au quatrième trimestre 2011, l’Allemagne éviterait la récession, selon les dernières prévisions de l’OCDE. En effet, l’amélioration des indicateurs ces derniers mois laisse présager une reprise de l’activité plus précoce que prévu. En mars, le climat des affaires, mesuré par l’Ifo, s’est inscrit au plus haut depuis l’été dernier, à 109,8 (+0,1 point). Cette évolution se traduirait positivement sur les commandes adressées à l’industrie, entraînant la production manufacturière, qui a amorcé un timide rebond en moyenne mobile sur deux mois. Le net redressement des exportations en janvier-février apparaît comme un signal encourageant. Ces dernières restent proches des 90 milliards d’euros, la morosité de la demande européenne étant compensée par les ventes vers les États-Unis et l’Asie.
Source : Institut für Wirtschaftsforschung
Les inquiétudes des marchés, qui s’étaient portées sur l’Italie jusqu’à la nomination d’un nouveau premier ministre, se sont déplacées vers l’Espagne, où la dette des administrations publiques s’est envolée de plus de sept points en un an, ressortant à 68,5% du PIB fin 2011. Elle était de l’ordre de 40% jusqu’en 2008. En conséquence, les taux d’intérêt à long terme espagnols sont repassés au-dessus de ceux de l’Italie début mars, s’inscrivant à près de 6%. Le PIB espagnol a diminué de -0,3% au quatrième trimestre, annulant la légère reprise antérieure. En moyenne annuelle, il a avancé de +0,7% mais il reculerait de -1,7% en 2012 selon le gouvernement, de sorte que l’objectif de réduction du déficit public à 4,4% du PIB ne pourra pas être tenu. L’Espagne et les autorités européennes se sont entendues sur une cible de 5,3% cette année après 8,5% en 2011, permise par l’adoption d’un plan d’austérité sévère.